Salut Antoine. 

Aujourd’hui on va prendre le temps de se parler mais surtout, je vais prendre le temps de te remercier, Il est temps non tu crois pas? 
J’ai essayé souvent, mais je crois que je ne t’ai pas toujours tout dit. 
Je crois que toi et moi on ne s’est pas autant parlé depuis que tu n’es plus là. 
J’ai bien dit parler, pas se disputer, parler…
 Alors oui Certes c’est arrivé parfois, quand on s’aimait, quand on riait, se baladait, quand on voulait bien … 
Puis le silence, les mots emportés et le reste ont pris plus de place. Alors on s’est séparé, on s’est maudits parfois, on s’est accusé, on s’est tout fait et puis un jour, tu nous as tous laissé…
Je crois que jusqu’à aujourd’hui je ne m’étais  jamais autorisée à pleurer .
 Et là, devant ta tombe où je suis pourtant parfois venue, là, aujourd’hui, pour la première fois, je me suis permise de m’asseoir, de fermer les yeux et les larmes ont commencé à couler.
Alors oui je te parle, encore une fois, puisqu’ on s’est déjà parlé comme ça ,et en même temps les mots s’écrivent, comme pour rester, comme pour s’ancrer. 

Antoine… 
Merci de m’avoir donné  ce fils, notre fils, notre Olivier. 
Merci parce que sans nous, sans toi, sans moi, il ne serait pas.
Tu vois n’est-ce pas comme il est beau?
Le portrait craché de son père…
Je souris à chaque fois de voir à quel point il te ressemble. 
J’en souris et en même temps j’avoue, ça me fait un peu mal de ne pas te voir le serrer dans tes bras. 
Petit à petit je reste sur les belles choses parce qu’après tout, tout le reste on s’en fout. 

Tu sais Antoine, ça n’a pas été simple de nous aimer nous deux mais on l’a fait et il en est la preuve. Le reste, ça ne regarde que nous, les reproches, on se les ait assez faits,
aujourd’hui je crois qu’il est temps, qu’à travers ces mots posés, on le libère lui de notre histoire à nous.
Et qu’on s’en pardonne aussi, toi et moi. 
Aujourd’hui, Olivier fait, une nouvelle fois preuve de force et courage. 
Et comme il y a quelques mois, je sens, dans le souffle du vent, ta présence me dire que tu es là pour l’accompagner, que tu écoutes et que tu es à mes côtés. 
Je lâcherais pas l’affaire, je ne l’ai jamais fait et tu le sais. 
Mais aujourd’hui je sais que, grâce à ce moment de pardon, de libération, grâce à ce moment, tu te places à mes côtés… 
Tiens!? Par un heureux hasard, le chant du corbeau, puis celui des oiseaux raisonnent, pas très loin.

Il ne te semble pas bizarre à  priori mon choix de vie, puisqu’il nous permet entre autres de nous retrouver dans la paix. 
Tu sais, c’est pas simple de regarder en arrière, sauf quand c’est pour terminer doucement un chapitre et ainsi continuer le livre. 
De nos disputes, de nos colères, j’en prends ma part de responsabilité, j’en partage avec toi, les fautes communes et je te regarde avec fierté assumer les tiennes.
Je sais que notre fils en sortira ainsi plus léger. 
Aujourd’hui si je suis là, c’est pour te porter les fleurs qu’il a choisi pour toi, pour son papa…
Je me souviens du sourire qu’il arborait en te voyant au funérarium il y a quelques années.
Il venait te dire au revoir…on venait te dire au revoir et pourtant lui, la seule chose qu’il avait en tête, c’était juste qu’il voyait son papa et qu’il en était fier. C’était aussi simple que ça, et à ce moment-là je ne l’ai pas complètement compris. 
Aujourd’hui je le sais, je le sens parce qu’à chaque fois qu’il parle de toi, il a la même fierté. 
À chaque fois que je le vois, je ne peux moi-même pas m’empêcher de penser à toi, et de te dire « regarde-le, regarde comme il te ressemble », de te dire ma fierté de l’avoir et j’oubliais de te dire merci. 
Alors ce soir c’est chose faite, les yeux humides certes,
mais le coeur apaisé, ému et serein. 

Antoine,
quoi que certains aient pu penser, quoique parfois j’ai pu dire en étant en colère, on s’est aimé et j’en suis fière.
Ça n’a pas été simple mais ça a été, sois en certain. 
De toute façon je n’ai jamais aimé les choses simples tu le sais non, tu me le dis encore souvent… 

Ce soir je vais laisser mes colères et les regrets s’envoler, s’effacer…
et je vais juste garder la fierté et ce qui fait que l’histoire est jolie.
Elle s’appelle Olivier. 

Je crois que ce moment m’étonne un peu, et je te vois sourire puisque tu sais que les cimetières c’est vraiment pas mon truc, surtout ceux là ! 
Il m’étonne sans m’étonner ce moment, il est juste …
Et  il se devait d’être ainsi fait aujourd’hui…
Puisque mon coeur se desserre un peu. 

Oui je sais, je sais que tu as vu la scène de tout à l’heure, Mais je n’ai pas envie d’en parler,pas ce soir, pas à toi…
Ne t’inquiètes pas, ça va, j’en fais mon affaire, ce n’est rien. 

Allez va, le vent t’appelle pour repartir, je dois y aller aussi
Puisqu’ainsi la vie continue… 
Plus sereinement  et quelque part côte à côte, je le sais désormais. 

Allez Va, va où le vent te porte, et encore une fois merci pour ce moment..

Hey Antoine…Elle est belle ton âme!

je t’embrasse affectueusement

Ah?! Et puis au fait, fais pas le con ou alors pas trop,
laissons les vies mener la danse ou inversement…
On s’en fout, tant qu’on est heureux ! 

Maite zaitut 

Izan
1er Mai 2021